Le regain de murmures concernant l’indépendance de l’Alberta a touché une corde sensible chez les leaders autochtones à travers la province, qui mettent en garde que de telles manœuvres politiques pourraient compromettre des accords de traités vieux de plusieurs siècles et des obligations constitutionnelles envers les Premières Nations.
La Chef nationale de l’Assemblée des Premières Nations, Cindy Woodhouse Nepinak, n’a pas mâché ses mots en abordant la dernière vague de rhétorique séparatiste émanant des cercles politiques albertains. « Ce genre de discours irresponsable ignore le fait qu’il s’agit de terres visées par des traités, » a-t-elle déclaré aux journalistes lors d’une conférence de presse à Edmonton hier. « Les traités ont été signés entre les Premières Nations et la Couronne, pas avec des gouvernements provinciaux qui n’existaient même pas à l’époque. »
Ses commentaires surviennent alors que les sondages d’opinion provinciaux montrent que 32 pour cent des Albertains envisageraient de soutenir l’indépendance, une hausse de 8 points depuis janvier. Cette augmentation fait suite aux disputes intenses entre la première ministre Danielle Smith et Ottawa concernant les approbations de développement des ressources et la tarification du carbone.
Le Chef Darcy Bear du territoire du Traité 6 a souligné que les traités ne sont pas simplement des documents historiques, mais des accords vivants. « Ces traités ont établi des relations de nation à nation qui ne peuvent pas être simplement dissoutes par la politique provinciale, » a expliqué Bear. « Notre peuple a accepté de partager ces terres, pas de les céder. »
Les complexités juridiques sont profondes. Les experts constitutionnels soulignent que les traités relèvent de la compétence fédérale, créant un obstacle important pour tout mouvement séparatiste. La professeure de droit de l’Université de l’Alberta, Catherine Bell, note que « l’article 35 de la Loi constitutionnelle reconnaît et affirme explicitement les droits autochtones et issus de traités existants. Une province ne peut pas décider unilatéralement que ces obligations ne s’appliquent plus. »
Au centre-ville de Calgary, où le sentiment séparatiste est le plus fort, le conseiller de la Nation Tsuut’ina, Brent Dodginghorse, a décrit les conséquences involontaires des discours d’indépendance. « Chaque fois que cette conversation refait surface, elle crée de l’incertitude pour les investissements dans les entreprises et partenariats autochtones. Ce n’est pas seulement politique—cela affecte le développement économique réel. »
Des données récentes de Statistique Canada montrent que les entreprises autochtones contribuent approximativement à hauteur de 4,5 milliards de dollars annuellement à l’économie albertaine, avec des taux de croissance dépassant les moyennes provinciales dans plusieurs secteurs, notamment l’énergie renouvelable et le tourisme.
Le gouvernement fédéral a maintenu que les responsabilités issues des traités continueraient indépendamment des développements provinciaux. La ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, a déclaré: « Les obligations de la Couronne envers les Premières Nations sont perpétuelles et ne peuvent être contournées par