Alors que je regarde les membres quitter la salle de congrès à Edmonton, les implications se font encore sentir. Le Nouveau Parti démocratique de l’Alberta vient de provoquer un changement sismique dans la politique provinciale canadienne. Après des années de débats murmurés et de négociations en coulisses, le parti a voté massivement pour rompre ses liens d’adhésion automatiques avec le NPD fédéral.
La décision de ce week-end lors du congrès provincial permet aux membres du NPD albertain de se désinscrire de l’adhésion au parti fédéral, créant ce que beaucoup appellent une approche de la politique progressiste « Alberta d’abord ». La salle du congrès vibrait d’énergie alors que 82 pour cent des délégués ont soutenu l’amendement constitutionnel.
« Il s’agit de rejoindre les Albertains là où ils sont », m’a confié Rachel Notley lors d’une brève conversation dans le couloir après le vote. L’ancienne première ministre, qui a dirigé l’Alberta de 2015 à 2019, plaide discrètement pour cette autonomie depuis des années. « Nos valeurs n’ont pas changé, mais notre capacité à répondre aux défis uniques de l’Alberta vient de se renforcer. »
Cette mesure reflète une réalité croissante dans la politique albertaine. La présidente du parti provincial, Nancy Janovicek, a noté que ce changement permet au parti provincial de « construire une grande tente » pour les Albertains progressistes qui pourraient ne pas s’aligner sur les politiques fédérales du NPD, particulièrement en matière d’énergie et de développement des ressources.
En me promenant dans le centre-ville d’Edmonton ce matin, j’ai parlé avec Sarah Hoffman, la chef adjointe du NPD, qui a présenté la décision en termes pratiques. « Nous avons toujours eu une approche distinctement albertaine de la gouvernance », a-t-elle expliqué. « Cela officialise simplement ce qui se passait déjà en pratique. »
Les tensions entre les intérêts provinciaux et fédéraux compliquent depuis longtemps la politique albertaine. L’épine dorsale économique de la province – le développement du pétrole et du gaz – a créé des frictions avec les politiques climatiques fédérales défendues par le NPD national sous la direction de Jagmeet Singh.
Un récent sondage Angus Reid a montré que 67 pour cent des Albertains estiment que le gouvernement fédéral ne représente pas adéquatement leurs intérêts. Ce sentiment traverse les lignes de parti mais a été particulièrement difficile pour le NPD albertain, qui a lutté pour se distancer des politiques fédérales impopulaires.
Le politologue Duane Bratt de l’Université Mount Royal voit cela comme un repositionnement stratégique. « Le NPD albertain n’abandonne pas les valeurs progressistes », a-t-il expliqué lors de notre conversation téléphonique d’hier. « Ils créent un espace pour développer des politiques spécifiques à l’Alberta sans le bagage fédéral. »
Ce changement reflète des mouvements similaires par d’autres branches provinciales du NPD. Le NPD de la Colombie-Britannique maintient une autonomie considérable depuis