La Montréalaise Simone Leathead a écrit une page d’histoire pour le plongeon canadien hier en remportant la médaille d’argent à l’épreuve de plongeon de haut vol féminin de 20 mètres aux Championnats du monde de natation à Singapour.
La plongeuse de 26 ans a cumulé 221,85 points sur ses quatre plongeons, terminant derrière l’Australienne Rhiannan Iffland qui a décroché l’or avec 253,20 points. La Mexicaine Adriana Jimenez a complété le podium avec 213,10 points pour le bronze.
« J’essaie encore de réaliser ce qui vient de se passer, » a confié Leathead aux journalistes, sa médaille brillant sous le soleil de Singapour. « Quand tu es sur cette plateforme et que tu regardes en bas, il n’y a que toi et tes pensées. Aujourd’hui, quelque chose a fait déclic. »
Cette performance marque la toute première médaille du Canada en plongeon de haut vol aux championnats mondiaux depuis que la discipline a été ajoutée au programme en 2013. Le plongeon de haut vol diffère considérablement du plongeon olympique, avec les femmes qui s’élancent d’une plateforme de 20 mètres (comparativement au maximum de 10 mètres dans les épreuves olympiques) et les hommes de 27 mètres.
Cette réussite représente un retour remarquable pour Leathead, qui avait terminé 11e aux championnats de l’an dernier à Fukuoka. Son parcours vers le plongeon de haut vol s’est amorcé après une carrière réussie en plongeon conventionnel, où elle a compétitionné au niveau national jusqu’en 2021.
« La transition vers le plongeon de haut vol était terrifiante au début, » a admis Leathead. « La première fois que j’ai grimpé ces marches, je me demandais dans quoi je m’étais embarquée. C’est comme comparer sauter de ta commode à sauter d’un immeuble de quatre étages. »
L’entraîneur-chef d’Aquatiques Canada, Stéphane Lapointe, a qualifié la performance de Leathead de « moment décisif pour notre programme, » soulignant que le plongeon de haut vol est une discipline en développement pour les sports aquatiques canadiens.
« Simone a ouvert la voie pour les plongeurs canadiens, » a déclaré Lapointe. « Sa force mentale est extraordinaire – la plupart des gens ne comprennent pas qu’à ces hauteurs, les plongeurs entrent dans l’eau à près de 80 kilomètres à l’heure. La précision requise est incroyable. »
Le dernier plongeon de Leathead – un triple saut périlleux avant avec deux vrilles en position carpée – lui a valu le score le plus élevé de la compétition pour un seul plongeon avec 86,70 points. Ce plongeon techniquement exigeant a un coefficient de difficulté de 3,8, nécessitant un timing parfait pour entrer dans l’eau en toute sécurité.
Sa compatriote canadienne Jessica Macaulay a terminé sixième avec 196,45 points dans ce qu’elle a décrit comme « une année de construction » en vue des championnats de 2026.
La médaille d’argent contribue à la réputation grandissante du Canada dans les sports aquatiques, le pays ayant déjà récolté quatre médailles dans les épreuves de natation en piscine plus tôt dans ces championnats. Selon les statistiques de Plongeon Canada, la participation aux programmes de plongeon de haut vol a augmenté de 35% depuis 2022, bien que la nature extrême du sport signifie que seules les installations spécialisées à Montréal, Toronto et Victoria peuvent accueillir l’entraînement d’élite.
« On voit de plus en plus de jeunes plongeurs qui regardent les championnats et qui se renseignent sur le plongeon de haut vol, » a déclaré le directeur du développement de Plongeon Canada, François Trudeau. « La médaille de Simone va certainement accélérer l’intérêt, mais on fait attention à la progression – on ne commence pas à 20 mètres. »
Pour mettre les choses en perspective, la hauteur de la plateforme équivaut à environ un immeuble de six étages, les plongeurs atteignant des vitesses de 75-80 km/h avant de toucher l’eau. Les athlètes s’entraînent intensivement avec des coussins gonflables et des fosses en mousse avant de tenter des plongeons de compétition dans l’eau.
Le chemin de Leathead vers le podium n’a pas été simple. Elle a lutté contre une blessure à l’épaule tout au long de 2024, modifiant son entraînement et travaillant avec des physiothérapeutes pour renforcer les muscles de soutien plutôt que de risquer d’aggraver sa blessure avec des plongeons complets.
« Certains jours, je ne pouvais que visualiser les plongeons ou travailler les entrées dans la piscine régulière, » a-t-elle expliqué. « Tu apprends à t’entraîner plus intelligemment quand tu ne peux pas toujours t’entraîner plus fort. »
La médaillée d’argent attribue sa réussite autant à sa préparation mentale qu’à son entraînement physique, travaillant avec la psychologue sportive Dr Claire Rousseau pour développer des techniques de gestion de la peur à ces hauteurs extrêmes.
« Il ne s’agit jamais d’éliminer la peur – ce serait dangereux, » a déclaré Leathead. « Il s’agit de la reconnaître, de la respecter, et ensuite de se concentrer sur l’exécution malgré tout. »
Leathead rentrera au Canada la semaine prochaine et fera des apparitions dans des clubs de plongeon à travers le Québec pour promouvoir ce sport avant de commencer sa préparation pour la prochaine saison. Les Championnats du monde 2026 à Budapest représentent sa prochaine grande compétition internationale.
« Aujourd’hui, j’ai l’impression que ce n’est que le début, » a-t-elle dit, en replaçant soigneusement sa médaille d’argent dans son écrin. « Être sur ce podium a rendu chaque bleu, chaque lever matinal, chaque moment de doute complètement justifié. »