En franchissant le seuil de l’aile de recherche du site de St. Catharines de Niagara Health, je ressens une énergie renouvelée qui n’était pas présente lors de ma dernière visite. La Dre Jennifer Tsang, directrice de la recherche de l’hôpital, marche d’un pas vif à mes côtés, son enthousiasme palpable tandis qu’elle décrit comment une récente subvention de 250 000 $ transformera leurs capacités de recherche médicale.
« Cela change tout pour nous, » me confie-t-elle, s’arrêtant brièvement pour saluer un collègue. « Particulièrement dans un système hospitalier régional comme le nôtre, un financement dédié à la recherche est ce qui fait le pont entre des soins de santé de qualité et des soins de santé exceptionnels. »
Le financement, annoncé la semaine dernière, provient du Fonds de recherche de l’Ontario et représente un coup de pouce significatif pour le programme de recherche grandissant de Niagara Health. Il arrive à un moment critique, alors que les hôpitaux régionaux à travers le Canada luttent pour maintenir leurs initiatives de recherche dans un contexte de restrictions budgétaires.
La Dre Tsang me conduit vers un petit laboratoire où Maria Santos, coordinatrice des essais cliniques, prépare minutieusement des échantillons. « Avant de rejoindre l’équipe de recherche, j’ai travaillé comme infirmière au chevet des patients pendant douze ans, » explique Santos. « J’ai constaté directement comment les patients des petites communautés ne bénéficient parfois pas des dernières avancées médicales aussi rapidement que ceux des grands centres. C’est ce que nous travaillons à changer. »
Cette réalité reflète un défi persistant dans les soins de santé canadiens. Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, l’activité de recherche reste disproportionnellement concentrée dans les grands centres universitaires des sciences de la santé, créant ce que certains experts appellent un « écart de transfert des connaissances » pour des régions comme Niagara. Le Journal de l’Association médicale canadienne a documenté comment cette disparité peut mener à une adoption plus lente des pratiques fondées sur des données probantes dans les hôpitaux communautaires qui desservent près de 70 % des Canadiens.
En traversant le département de recherche, je remarque les murs ornés d’affiches mettant en valeur des études antérieures—des approches innovantes pour traiter la septicémie aux initiatives d’amélioration de la qualité des soins d’urgence. Ce qui me frappe, c’est combien chaque projet répond à des défis propres à la population de patients de Niagara.
« Nos priorités de recherche reflètent les besoins de notre communauté, » explique la Dre Madelyn Law, directrice de la pratique interprofessionnelle de Niagara Health et architecte clé de la demande de subvention. « Lorsque nous avons élaboré notre demande, nous avons analysé cinq ans de données patients pour identifier où nous pourrions avoir l’impact le plus significatif. »
La subvention financera trois axes de recherche principaux : l’amélioration des transitions de soins pour les patients âgés, l’optimisation des protocoles de prévention des infections, et l’amélioration de la prestation de soins virtuels—toutes des préoccupations pressantes dans une région avec une population vieillissante et des communautés géographiquement dispersées.
Pour George Miyasaki, 72 ans, résident de Niagara-on-the-Lake qui a participé à une étude antérieure sur les soins post-hospitalisation, cette recherche a des avantages tangibles. « Après ma chirurgie cardiaque, j’ai participé à un programme qu’ils testaient où des infirmières faisaient un suivi virtuel, » me raconte-t-il autour d’un café près de l’hôpital. « Cela m’a évité de devoir revenir aux urgences à deux reprises, j’en suis certain. C’est ce genre de choses qu’ils peuvent découvrir avec plus de recherche. »
La recherche hospitalière dans les milieux communautaires remplit une autre fonction cruciale : la rétention des professionnels de la santé. La Dre Tsang note qu’offrir des opportunités de recherche aide Niagara Health à attirer et à retenir des cliniciens talentueux qui pourraient autrement graviter vers les grands centres urbains.
« Une de nos médecins d’urgence envisageait des postes à Toronto, » se souvient-elle. « Quand nous avons créé un rôle de recherche protégé pour elle, elle a choisi de rester. Maintenant, elle dirige notre étude d’amélioration des soins traumatologiques. »
La subvention sera distribuée sur trois ans, avec environ 60 % alloués au personnel de recherche—infirmières de recherche, coordinateurs et analystes de données—et le reste soutenant l’infrastructure et les coûts spécifiques aux études. Cette approche reflète les conclusions de la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé selon lesquelles la durabilité des programmes de recherche hospitaliers dépend de l’investissement dans les ressources humaines plutôt que simplement dans l’équipement ou la technologie.
Bien que 250 000 $ puisse sembler modeste comparé aux subventions de plusieurs millions de dollars accordées aux plus grands hôpitaux de recherche du Canada, son impact dans un système régional comme Niagara Health est profond. Selon Statistique Canada, les systèmes hospitaliers de taille moyenne reçoivent seulement 11 % du financement national de recherche en santé malgré qu’ils desservent plus d’un tiers de la population.
« Cette subvention ne concerne pas seulement l’argent, » explique la Dre Law. « C’est une validation que la recherche communautaire mérite d’être soutenue. Cela signale aux organismes de financement plus importants que nous sommes des acteurs sérieux dans l’écosystème de la recherche. »
Les effets s’étendent au-delà de Niagara Health même. La Dre Amanda Lee, médecin locale qui maintient une pratique familiale tout en participant à la recherche hospitalière, souligne que les soins éclairés par la recherche se répandent dans toute la communauté. « Quand nous apprenons de meilleures approches grâce à ces études, j’apporte également ces connaissances aux patients de ma clinique. La diffusion des connaissances se fait naturellement. »
Alors que ma visite se termine, je passe devant l’entrée principale de l’hôpital où un bénévole âgé accueille les patients entrants avec une chaleur qui illustre l’esprit communautaire de Niagara. C’est un rappel que derrière le langage technique des subventions de recherche et des essais cliniques se trouvent des personnes réelles dont la vie est susceptible de s’améliorer grâce à ce travail.
Pour Niagara Health, cette subvention de 250 000 $ représente plus qu’un soutien financier—c’est un investissement dans l’équité des soins de santé, assurant que les patients de cette région bénéficient des mêmes innovations fondées sur des données probantes que ceux des plus grandes villes du Canada. Dans un système de santé souvent caractérisé par des disparités, c’est quelque chose qui mérite d’être célébré.