Je reviens tout juste d’Ottawa, où les couloirs du pouvoir sont devenus sensiblement plus froids—et ce n’est pas seulement à cause de l’hiver canadien. Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a livré ce que plusieurs observateurs diplomatiques considèrent comme son avertissement le plus direct à ce jour concernant les menaces économiques transfrontalières.
Devant une salle comble au Club canadien de Toronto hier, Macklem a exposé ce que les responsables canadiens hésitaient jusqu’ici à articuler aussi franchement: les tarifs douaniers promis par Donald Trump représentent une véritable menace pour la fragile reprise économique du Canada. Le moment ne pourrait être pire pour le voisin nord-américain, alors que les pressions inflationnistes commencent tout juste à s’atténuer.
« Les tarifs potentiels et autres mesures protectionnistes des États-Unis constituent une menace importante pour l’économie canadienne, qui dépend du commerce », a déclaré Macklem, son ton habituellement mesuré portant un poids inhabituel. « Cela surviendrait précisément au moment où nous observons des signes encourageants de renforcement de notre économie. »
Mes conversations avec des responsables du ministère des Finances, s’exprimant sous couvert d’anonymat, révèlent une anxiété croissante face aux promesses de campagne répétées de Trump d’imposer des tarifs de 10 à 25% sur les produits canadiens. Un conseiller économique principal a décrit la situation comme « potentiellement susceptible de faire dérailler des années de travail de rétablissement post-pandémique. »
Les chiffres expliquent les préoccupations canadiennes. Les échanges commerciaux bilatéraux entre le Canada et les États-Unis ont atteint environ 950 milliards de dollars l’an dernier, le Canada envoyant environ 75% de ses exportations vers les marchés américains, selon Statistique Canada. Toute perturbation importante de cette relation provoque des secousses dans chaque secteur de l’économie canadienne.
Lorsque j’ai pressé Macklem sur des détails précis après son discours, il a reconnu que les modèles de la banque centrale suggèrent que les tarifs proposés par Trump pourraient réduire la croissance du PIB canadien jusqu’à 1,5 point de pourcentage—un coup dévastateur pour une économie qui devrait croître de seulement 2,4% l’an prochain.
« Nous entrons en territoire inconnu », m’a confié l’analyste économique Heather Wilson à la sortie de l’événement. « La nature intégrée des chaînes d’approvisionnement nord-américaines signifie que ces tarifs provoqueraient des perturbations en cascade qui nuiraient aux deux économies—mais le Canada dispose d’une marge de manœuvre bien moindre pour absorber le choc. »
Selon trois sources familières avec les discussions, les responsables canadiens ont entamé des démarches diplomatiques discrètes auprès des conseillers économiques de Trump. Leur message souligne la nature mutuellement destructrice des barrières commerciales entre des économies aussi interdépendantes. Pourtant, l’optimisme reste limité quant à la capacité de ces arguments à influencer une seconde administration Trump déterminée à tenir ses promesses de campagne.
La réaction immédiate du marché à l’avertissement de Macklem a été révélatrice. Le dollar canadien a c