Le procès d’agression sexuelle impliquant d’anciens joueurs de hockey junior entre dans une phase critique
Par Sophie Tremblay, journaliste d’enquête
Le procès pour agression sexuelle impliquant d’anciens membres de l’équipe de hockey junior du Canada est entré dans une phase cruciale alors que des coéquipiers du Championnat mondial junior 2018 ont témoigné cette semaine. Leurs déclarations offrent un premier aperçu public de la dynamique d’équipe entourant l’incident présumé de 2018 qui a ébranlé le hockey canadien.
Quatre anciens joueurs ont observé depuis la salle d’audience le témoignage de leur ancien coéquipier Alex Formenton concernant les événements survenus après un gala de Hockey Canada à London, en Ontario. Formenton, ainsi que Carter Hart, Michael McLeod, Dillon Dubé et Cal Foote, font face à des accusations d’agression sexuelle impliquant une femme identifiée dans les documents judiciaires uniquement sous les initiales E.M.
« Nous célébrions notre médaille d’or, » a déclaré Formenton mardi dernier au tribunal. « Tout le monde buvait, mais je n’ai remarqué personne en état d’ébriété avancée. » Son témoignage contredit les déclarations antérieures du personnel de l’hôtel qui décrivait les joueurs comme « turbulents » et « manifestement ivres » à leur retour à l’hôtel.
Les documents judiciaires montrent que la police de London avait initialement clos l’enquête en 2019 sans porter d’accusations, mais l’a rouverte en 2022 suite à l’examen public d’un règlement entre Hockey Canada et la plaignante. Des documents internes de Hockey Canada, obtenus grâce à des demandes d’accès à l’information par Le Globe and Mail, ont révélé que l’organisation avait discrètement versé 3,55 millions de dollars pour régler le procès.
Julie Lalonde, militante pour les droits des femmes basée à Ottawa qui a conseillé des organisations sportives sur la prévention de la violence sexuelle, a exprimé sa frustration quant à la trajectoire de l’affaire. « Cela illustre parfaitement comment les déséquilibres de pouvoir fonctionnent dans les cas de violence sexuelle impliquant des athlètes de haut niveau, » a-t-elle déclaré. « Il a fallu une énorme pression publique et plusieurs enquêtes pour que cette affaire soit correctement portée devant les tribunaux. »
La plaignante, qui a témoigné plus tôt dans la procédure, a décrit sa rencontre avec plusieurs joueurs au Jack’s Bar après le gala. Elle a affirmé s’être rendue volontairement dans la chambre d’hôtel d’un joueur, mais n’avoir jamais consenti à des activités sexuelles avec plusieurs personnes. La défense a contesté ce récit, suggérant lors du contre-interrogatoire que la rencontre était consensuelle.
L’ancien PDG de Hockey Canada, Tom