Je suis arrivé à Tel Aviv trois jours avant la frappe du missile. L’air méditerranéen portait cette tension palpable que les correspondants chevronnés reconnaissent – une ville qui retient son souffle collectif. Maintenant, j’observe les équipes d’urgence israéliennes qui extraient des survivants de ce qui était autrefois un immeuble de 12 étages à moins d’un kilomètre des bureaux diplomatiques canadiens.
Parmi les personnes retirées des décombres hier se trouvait Julian Marceau, un employé de l’ambassade canadienne de 38 ans, qui rendait visite à un collègue lorsque le missile a frappé. La ministre de la Défense Anita Anand a confirmé l’opération de sauvetage tôt ce matin, la qualifiant de « moment de soulagement au milieu d’une tragédie continue. »
« Nous pouvons confirmer que M. Marceau reçoit des soins médicaux et est dans un état stable, » a déclaré Anand aux journalistes lors d’un briefing d’urgence. « Notre personnel diplomatique reste en état d’alerte maximale alors que nous continuons à surveiller la situation. »
La frappe de missile, qui a tué sept personnes et en a blessé des dizaines d’autres, représente la pénétration la plus profonde des défenses aériennes de Tel Aviv depuis des mois. Les responsables militaires israéliens affirment que le projectile a été lancé depuis le Liban, bien que le Hezbollah n’ait ni confirmé ni nié sa responsabilité.
« L’appartement s’est littéralement coupé en deux, » a raconté Dov Eilon, un secouriste de Tel Aviv qui a participé au sauvetage. « Nous avons entendu des voix à l’intérieur de ce qui restait du troisième étage. Le Canadien était piégé sous un mur effondré, mais conscient et capable de nous diriger vers sa position. »
Cet incident survient dans un contexte de tensions régionales croissantes. Le Groupe international de crise a documenté 43 échanges transfrontaliers au cours de la semaine dernière, une augmentation de 180% par rapport à la moyenne mensuelle du début de l’année. Les forces de maintien de la paix des Nations Unies stationnées le long de la frontière israélo-libanaise signalent des niveaux « sans précédent » d’activité militaire.
Debout au périmètre bouclé, j’ai parlé avec Yaël Baruch, dont l’immeuble fait face au complexe touché. « Nous avons entendu les sirènes d’alerte aérienne et avions peut-être 90 secondes pour atteindre l’abri, » a-t-elle expliqué, les mains encore tremblantes des heures après l’impact. « Il y a eu un bruit comme si le monde s’ouvrait, puis du verre partout. »
La présence diplomatique canadienne en Israël fonctionne sous des protocoles de sécurité renforcés depuis avril, selon Affaires mondiales Canada. Des sources au sein du ministère, s’exprimant sous couvert d’anonymat, indiquent qu’environ 28 membres du personnel diplomatique canadien restent dans le pays, avec des plans d’évacuation d’urgence constamment mis à jour.
L’effort de sauvetage lui-même a impliqué une coordination délicate entre les Forces de défense israéliennes, les services d’urgence et le personnel de sécurité canadien. « Nous avons maintenu une communication directe avec nos homologues tout au long de l’opération, » a confirmé le colonel Aviv Kochavi du Commandement du front intérieur de Tsahal. « Chaque minute comptait. »
Pour Marceau, qui a rejoint le corps diplomatique canadien il y a cinq ans après avoir servi dans des organisations humanitaires en Jordanie et en Égypte, sa survie tient à la chance et à l’emplacement. Les ingénieurs sur les lieux notent qu’il a été protégé par une poutre de soutien structurel qui a créé un espace vide lorsque le bâtiment s’est partiellement effondré.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau a abordé l’incident lors de remarques prévues à une réunion du G7 en Italie, appelant à une « désescalade immédiate » et offrant « le soutien inébranlable du Canada pour une résolution pacifique. » Cependant, les analystes régionaux expriment leur scepticisme quant aux solutions diplomatiques dans l’environnement actuel.
« Ce que nous voyons, c’est l’effondrement des stratégies de confinement qui ont empêché ce conflit de déborder, » explique Dr. Nadia Habib de l’Institut du Moyen-Orient. « Lorsque les installations diplomatiques et le personnel deviennent des cibles – même involontairement – cela représente une nouvelle phase dangereuse. »
Affaires mondiales Canada a mis à jour ses conseils aux voyageurs pour la région, déconseillant maintenant tout voyage en Israël et recommandant aux Canadiens actuellement dans le pays d’envisager de partir si cela peut se faire en toute sécurité. Les vols commerciaux continuent de fonctionner depuis l’aéroport Ben Gourion, bien qu’avec des perturbations fréquentes lors d’incidents de sécurité.
L’UNRWA estime que plus de 14 000 personnes ont été déplacées en Israël en raison des évacuations des zones frontalières et des dommages aux infrastructures au cours du mois dernier. Les impacts économiques sont tout aussi graves, la Bourse de Tel Aviv enregistrant son plus fort déclin quotidien en trois ans après la frappe d’hier.
Pour l’employé blessé de l’ambassade canadienne, la convalescence se fera loin de la zone de conflit. Des plans d’évacuation médicale sont en cours pour transporter Marceau dans un hôpital militaire en Allemagne avant son retour éventuel au Canada. Sa famille a demandé le respect de sa vie privée pendant cette période.
Alors que la nuit tombe sur Tel Aviv, l’opération de sauvetage est passée en mode récupération. Les équipes de recherche continuent de travailler sous les projecteurs, leurs visages marqués par l’épuisement. Au loin, d’autres sirènes commencent à hurler.