Les marchés européens ont chuté jeudi alors que le président Trump a annoncé une augmentation généralisée de 50% des tarifs douaniers sur les exportations européennes, intensifiant considérablement les tensions avec des alliés de longue date. Cette annonce matinale inattendue a provoqué une onde de choc à Bruxelles et dans les capitales européennes, où les responsables élaboraient encore des réponses aux tarifs de 25% mis en œuvre en mars.
« Il ne s’agit pas de politique, mais d’équité, » a déclaré le président Trump lors d’une conférence de presse improvisée à sa résidence de Mar-a-Lago. « L’Europe profite des États-Unis depuis des décennies. Nous plaçons l’Amérique en premier, et les dirigeants européens doivent comprendre qu’une nouvelle réalité s’impose. »
L’ampleur des tarifs a stupéfié les analystes, couvrant près de 78 milliards d’euros d’exportations européennes dans les secteurs automobile, agricole et des produits de luxe. Les constructeurs automobiles allemands ont été particulièrement touchés, les actions de BMW chutant de 8,7% et celles de Volkswagen de 7,2% à la mi-journée. L’indice européen Stoxx 600 a enregistré sa plus forte baisse quotidienne depuis le krach pandémique de 2020.
J’ai passé hier après-midi au port de Baltimore, où les conteneurs en provenance de Hambourg et Rotterdam s’accumulaient sur les quais. Les dockers ont exprimé leur inquiétude quant aux effets d’entraînement sur la chaîne d’approvisionnement. « Cela va faire mal aux deux côtés, » a expliqué Carlos Menendez, superviseur des quais. « Ces produits européens soutiennent aussi des emplois américains, des ports aux concessionnaires jusqu’aux ateliers de réparation. »
La Commission européenne a tenu une réunion d’urgence à Bruxelles, sa présidente Ursula von der Leyen qualifiant les tarifs de « provocation dangereuse qui mine nos intérêts économiques communs. » Selon des responsables commerciaux de l’UE s’exprimant sous couvert d’anonymat, des mesures de rétorsion visant jusqu’à 35 milliards d’euros de produits américains sont déjà en préparation pour une mise en œuvre dès le mois prochain.
La décision de Trump semble calculée pour obtenir un avantage avant les pourparlers commerciaux prévus à Genève la semaine prochaine. Le communiqué de la Maison Blanche a souligné les déséquilibres commerciaux perçus, citant un déficit de marchandises de 178 milliards de dollars avec l’UE en 2024. Cependant, les économistes de l’Institut Peterson d’économie internationale notent que ce chiffre ne tient pas compte de l’excédent américain de 126 milliards de dollars dans les services avec l’Europe et de la nature complexe des chaînes d’approvisionnement modernes.
« Cela représente une incompréhension fondamentale des relations commerciales du 21e siècle, » a déclaré Dr. Emma Rothschild, directrice des études de commerce international à l’Université Georgetown. « L’idée que les tarifs transféreront simplement la richesse de l’Europe vers l’Amérique ignore à quel point nos économies sont profondément intégrées. »
L’Organisation mondiale du commerce fait face à un test critique de son autorité, car ces tarifs semblent violer plusieurs accords internationaux. Cependant, l’organisation peine à imposer des contraintes significatives aux grandes puissances depuis que l’administration Trump a affaibli son mécanisme de règlement des différends lors de son premier mandat.
La volatilité des marchés ne s’est pas limitée à l’Europe. Les courtiers de Wall Street ont montré une anxiété croissante face aux potentielles contre-mesures européennes, le S&P 500 chutant de 2,3% et certains exportateurs américains subissant des baisses plus importantes. John Deere, qui dépend fortement des marchés agricoles européens, a vu ses actions chuter de près de 6%.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et la présidente française Marine Le Pen ont publié une rare déclaration commune condamnant les tarifs comme une « agression économique » et appelant à une réponse européenne unifiée. Cela représente un changement significatif par rapport à l’approche européenne fragmentée durant la première administration Trump.
Pour les Européens et les Américains ordinaires, les conséquences apparaîtront bientôt sur les rayons des magasins. Les vins, fromages et huiles d’olive européens verront probablement des augmentations de prix immédiates dans les magasins américains, tandis que les produits technologiques et agricoles américains pourraient subir des majorations similaires en Europe si des mesures de rétorsion entrent en vigueur.
Les petites entreprises des deux côtés de l’Atlantique sont particulièrement vulnérables. J’ai parlé avec Daniel Moretti, propriétaire de Bella Italia, un importateur de produits alimentaires spécialisés à Baltimore. « Ces tarifs pourraient détruire ce que j’ai bâti depuis 30 ans, » m’a-t-il confié en révisant ses listes d’inventaire. « Mes clients ne peuvent pas se permettre des augmentations de prix de 50% sur les fromages italiens et l’huile d’olive. Nous avons à peine survécu à la dernière série de tarifs. »
L’escalade tarifaire menace d’éclipser le sommet de l’OTAN du mois prochain à Washington, où les engagements de sécurité européens devaient déjà faire l’objet d’un examen minutieux. Plusieurs diplomates européens ont suggéré en privé que le timing n’est pas une coïncidence, Trump cherchant un effet de levier maximal sur les fronts économique et sécuritaire.
Le Fonds monétaire international a publié une déclaration avertissant que l’escalade des tensions commerciales pourrait réduire le PIB mondial jusqu’à 0,8% au cours des deux prochaines années si le différend continue de s’intensifier. « L’économie mondiale ne peut pas se permettre une autre guerre commerciale alors qu’elle se remet encore des perturbations pandémiques et s’adapte aux transitions énergétiques, » a mis en garde le communiqué.
À la clôture des marchés européens jeudi, les ministres des Finances d’Allemagne, de France et d’Italie ont annoncé des plans pour des mesures fiscales coordonnées afin de soutenir les industries touchées. Pendant ce temps, les fabricants américains qui dépendent de composants européens ont exprimé une inquiétude croissante concernant les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et l’augmentation des coûts de production.
Les semaines à venir détermineront si cela représente la première salve d’une guerre commerciale prolongée ou une tactique de négociation à haut risque. Ce qui est clair, c’est que la relation économique transatlantique—représentant près de 40% du PIB mondial—fait face à son plus grand test depuis des décennies.