Alors que le soleil se couchait derrière les édifices du Parlement hier soir, mon téléphone s’est illuminé de messages urgents provenant de mes sources en Alberta. La saison des feux de forêt dans la province a éclaté avec une intensité alarmante, plusieurs semaines avant les cycles historiques habituels.
Un feu de forêt progressant rapidement au nord-est d’Edmonton a forcé les autorités à déclarer l’état d’urgence pour Fort Saskatchewan, avec des ordres d’évacuation touchant près de 5 000 résidents. L’incendie, qui a débuté hier après-midi, a déjà consumé plus de 2 300 hectares de terrain et continue de s’étendre dans des conditions anormalement sèches pour la saison.
« Ce n’est pas seulement un début précoce—c’est un timing sans précédent, » m’a confié Melissa Jenkins, porte-parole d’Alberta Wildfire, lors d’un appel tardif. « Nous observons début mai des conditions qui n’apparaissent généralement pas avant fin juin. »
L’ordre d’évacuation est arrivé rapidement lorsque les vents ont changé de direction de façon inattendue, poussant les flammes vers les zones résidentielles. Des abris temporaires ont été établis au Centre Expo d’Edmonton, où les travailleurs de la Croix-Rouge accueillent un flot constant de familles déplacées.
La mairesse de Fort Saskatchewan, Gale Katchur, n’a pas mâché ses mots lors de son allocution publique : « Nous avons activé notre plan d’urgence, mais ces conditions mettent nos capacités à l’épreuve. Les changements climatiques ne sont plus un concept abstrait—ils sont à nos portes. »
Ce qui rend cette situation particulièrement préoccupante, c’est comment elle s’inscrit dans une tendance inquiétante. Les données d’Environnement Canada montrent que les températures printanières dans les provinces des Prairies ont augmenté de 1,8 degrés Celsius au cours des trois dernières décennies, créant des saisons d’incendies plus longues et plus intenses.
J’ai parlé avec Jordan Carter, qui a fui sa maison avec seulement quelques minutes devant lui. « La fumée était si épaisse que je pouvais à peine voir la maison de mon voisin, » a-t-il dit, serrant un petit sac de sport au centre d’évacuation. « Vingt ans à vivre ici, et nous n’avons jamais évacué aussi tôt dans l’année. »
Le gouvernement provincial a mobilisé 215 pompiers, huit hélicoptères et vingt équipements lourds. Des ressources fédérales sont également en route suite à la demande d’assistance de la première ministre Danielle Smith.
Le Centre interservices des feux de forêt du Canada avait prédit que cette saison arriverait tôt. Leur évaluation de mars avertissait de « déficits significatifs d’humidité du sol dans le centre de l’Alberta, » créant des conditions parfaites pour une propagation rapide des incendies. Cette prédiction s’est avérée terriblement précise.
C’est la troisième année conséc