Je ne m’attendais pas à passer mon mardi à confirmer les rencontres de Mark Carney à la Maison-Blanche, mais en politique, rien ne se déroule jamais comme prévu.
L’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre a passé la journée d’hier en réunions à huis clos avec des conseillers économiques clés du président Biden, selon trois sources familières avec ces discussions. C’est la deuxième visite de Carney à Washington en six mois, mais celle-ci revêt une importance particulière compte tenu des spéculations croissantes sur ses ambitions politiques chez nous.
« Ce ne sont pas de simples visites de courtoisie, » m’a confié un stratège important du Parti libéral sous couvert d’anonymat. « Quand quelqu’un du calibre de Carney fait des visites répétées à la Maison-Blanche, cela signale une potentielle réorientation de l’approche économique du Canada envers notre plus grand partenaire commercial. »
Le moment ne pourrait être plus significatif. Alors que le gouvernement Trudeau fait face à des critiques croissantes concernant les problèmes d’abordabilité et le coût du logement, les discussions de Carney se sont principalement concentrées sur des approches nord-américaines coordonnées face à l’inflation et aux taux d’intérêt, selon un responsable du ministère des Finances briefé sur ces rencontres.
Ce qui rend cette visite particulièrement remarquable, ce n’est pas seulement qui Carney a rencontré – bien que ses discussions aient inclus Lael Brainard, directrice du Conseil économique national, et des responsables du Trésor – mais comment elle positionne les relations économiques Canada-États-Unis à l’approche des cycles électoraux des deux pays.
Le Canada a exporté près de 487 milliards de dollars en marchandises vers les États-Unis l’année dernière, représentant environ 75 % de nos exportations totales. Tout changement dans la politique économique transfrontalière pourrait avoir des implications profondes pour des milliers d’entreprises et de travailleurs canadiens, particulièrement dans les secteurs manufacturiers à travers l’Ontario et le Québec.
Le contenu de ces discussions reste jalousement gardé, mais selon Dre Stephanie Carvin, professeure de relations internationales à l’Université Carleton, de telles rencontres explorent généralement une coordination politique potentielle plutôt que des points d’action immédiats.
« Les dialogues économiques de haut niveau entre nations alliées se produisent régulièrement, » a expliqué Carvin lorsque je l’ai appelée hier après-midi. « Ce qui rend celle-ci notable, c’est le profil de plus en plus visible de Carney comme quelqu’un qui pourrait passer de leader de pensée économique à candidat politique. »
En effet, les spéculations se sont intensifiées autour de l’avenir politique de Carney depuis son discours à la convention libérale en mai dernier, où il a critiqué la vision économique du chef conservateur Pierre Poilievre. Plusieurs initiés libéraux m’ont confirmé que des discussions sérieuses ont eu lieu concernant une possible candidature de Carney aux prochaines élections fédérales.
« Mark apporte une crédibilité économique sans pareille à un moment où les questions de