L’air frais de novembre tourbillonnait sur la Colline du Parlement hier matin lorsque le roi Carl XVI Gustaf et la reine Silvia de Suède ont foulé le sol canadien, marquant la première visite royale suédoise au Canada depuis près de vingt ans. L’importance diplomatique n’a pas échappé à la petite foule de curieux qui ont bravé le froid pour assister à la cérémonie d’accueil.
« Cette visite renforce les liens entre deux nations qui partagent des valeurs démocratiques et des engagements climatiques, » a déclaré la Première ministre Alicia Moreau lors de la cérémonie d’accueil à Rideau Hall. L’événement soigneusement orchestré comprenait les hymnes nationaux des deux pays et une inspection de la Garde royale – un cérémonial qui n’avait pas été vu à Ottawa depuis les tournées royales d’avant la pandémie.
J’ai couvert ma part de visites diplomatiques au fil des ans, mais celle-ci arrive à un moment particulier. La monarchie suédoise arrive quelques semaines seulement après l’annonce par le Canada de son initiative élargie de coopération arctique, un programme qui cherche à s’associer avec les nations nordiques sur tout, de la surveillance environnementale à l’échange de connaissances autochtones.
« Les Suédois apportent une expertise en foresterie durable et en énergie renouvelable dont nous serions bien avisés de nous inspirer, » m’a confié Dre Melissa Chung, directrice des relations internationales à l’Université Carleton, lors d’un entretien téléphonique. « Et ils sont particulièrement intéressés par nos approches de réconciliation avec les Autochtones, qu’ils considèrent comme un modèle pour leurs propres relations avec les Samis. »
En me promenant dans le marché By ce matin, j’ai parlé avec plusieurs résidents qui semblaient perplexes face à la couverture minimale de la visite. « Je n’avais aucune idée qu’ils venaient, » a déclaré James Forrester, un résident d’Ottawa de 62 ans, alors qu’il achetait du sirop d’érable pour le panier-cadeau de la délégation suédoise. « Mais je suis content que nous établissions ces relations avec des pays qui partagent nos valeurs. »
L’itinéraire reflète des priorités diplomatiques soigneusement calibrées. Après les rencontres avec la Gouverneure générale et la Première ministre aujourd’hui, le couple royal visitera demain les laboratoires de résilience climatique du Conseil national de recherches – un clin d’œil direct à la Commission mixte canado-suédoise sur la préservation de l’Arctique établie plus tôt cette année.
Selon la porte-parole des Affaires étrangères, Catherine Lemieux, la visite a été planifiée autour de trois thèmes centraux : l’action climatique, la coopération autochtone et l’expansion commerciale. Statistique Canada rapporte que le commerce bilatéral entre nos nations a atteint 3,2 milliards de dollars l’an dernier, avec une croissance particulière des exportations de technologies propres.
Ce qui rend cette visite particulièrement remarquable est son timing dans le contexte politique suédois. La monarchie suédoise fait évoluer progressivement son rôle, la princesse héritière Victoria assumant davantage de responsabilités diplomatiques. Bien qu’elle n’accompagne pas ses parents lors de ce voyage, les observateurs royaux voient cette visite canadienne comme faisant partie d’une stratégie de transition plus large.
« Le roi démontre essentiellement sa confiance envers le Canada en tant que relation clé qui mérite d’être entretenue pour la prochaine génération de dirigeants suédois, » a expliqué Dr Henrik Olsson de la Chambre de commerce suédo-canadienne lors du briefing pré-visite d’hier.
Les mesures de sécurité locales ont été relativement discrètes par rapport à d’autres visites d’État. La GRC a mis en œuvre des fermetures de rues ponctuelles plutôt que des barricades étendues, reflétant peut-être la nature pratique et discrète des relations canado-suédoises. Malgré cela, une petite manifestation concernant les politiques suédoises de développement des ressources arctiques est attendue près du Musée des beaux-arts demain – un rappel que même les relations internationales les plus amicales comportent des points de tension.
Pour la petite communauté suédo-canadienne d’Ottawa – environ 2 800 personnes selon les organisations communautaires – la visite apporte une visibilité rare. Ingrid Johansson, qui gère une boutique d’importations scandinaves à Westboro, m’a confié que son commerce a suscité un intérêt inattendu cette semaine. « Les gens veulent soudainement en apprendre davantage sur la culture suédoise. J’ai vendu plus de confiture de lingonberry en deux jours que je n’en vends habituellement en un mois, » a-t-elle dit en riant.
L’agenda du couple royal comprend plusieurs engagements pratiques qui témoignent d’intérêts mutuels. Ils visiteront le Centre canadien de modélisation du climat, rencontreront des leaders autochtones au siège de l’Assemblée des Premières Nations et participeront à une table ronde sur les technologies propres avec des chefs d’entreprise des deux pays.
Ce que vous ne verrez pas, ce sont les longues promenades publiques ou les plantations d’arbres cérémonielles typiques des visites royales du Commonwealth. « L’approche suédoise est réputée pour son côté pratique, » a noté l’expert en protocole Maurice Beauchamp. « Ils préfèrent les réunions substantielles aux gestes symboliques. »
Cette dimension pratique s’aligne avec l’évolution des attitudes canadiennes envers les visites royales en général. Un récent sondage de l’Institut Angus Reid suggère que 64% des Canadiens estiment que les visites diplomatiques devraient se concentrer sur la coopération concrète plutôt que sur les événements cérémoniels – un sentiment qui semble façonner cet itinéraire suédois.
Malgré toute la chorégraphie diplomatique, les moments les plus révélateurs surviennent parfois de manière inattendue. Hier, alors que le cortège royal traversait le centre-ville, le roi Carl XVI Gustaf aurait demandé à son chauffeur de ralentir près du Monument commémoratif de guerre, où il a observé un moment de recueillement personnel – un geste qui ne figurait pas au programme officiel mais qui a été remarqué par plusieurs spectateurs.
La visite de quatre jours se poursuit demain avec des arrêts à Montréal et Toronto avant de se conclure à Vancouver, où la technologie climatique et la foresterie durable domineront l’ordre du jour. Pour un pays souvent éclipsé dans nos relations internationales par notre proximité avec la politique américaine, cette connexion nordique offre un rappel de l’identité diplomatique plus large du Canada – une identité construite sur des partenariats pratiques plutôt que sur des jeux de pouvoir.
Comme me l’a confié un haut fonctionnaire d’Affaires mondiales Canada, sous couvert d’anonymat pour parler franchement : « Ce sont ces relations qui font réellement fonctionner le système international – des pays partageant les mêmes idées qui trouvent des moyens pratiques de coopérer sans le drame qui domine les manchettes. »
Dans l’air vif de novembre à Ottawa, cet esprit pratique semble parfaitement adapté à nos visiteurs suédois.