Après des mois de négociations tendues, les ambulanciers paramédicaux et les professionnels de la santé alliés de l’Alberta ont finalement atteint une percée potentielle. L’Association des Sciences de la Santé de l’Alberta (HSAA) a annoncé hier que ses 30 000 membres voteront la semaine prochaine sur une entente négociée qui pourrait résoudre leur différend de longue date avec les Services de Santé de l’Alberta.
Le vote, prévu du 18 au 20 novembre, survient après des séances de médiation d’urgence qui ont évité de justesse ce que beaucoup craignaient être une grève paralysante dans les services médicaux d’urgence de la province. Pour de nombreux Albertains, ce développement apporte un optimisme prudent après avoir constaté la détérioration des délais d’intervention des ambulances dans les centres urbains et les communautés rurales.
« Nous fonctionnons à bout de souffle depuis des années, » explique Connor Mitchell, un ambulancier paramédical avec 12 ans d’expérience à Edmonton. « Il ne s’agit pas seulement de salaires. Il s’agit de conditions de travail durables qui nous permettent de fournir des soins adéquats. »
L’entente proposée aborde plusieurs questions litigieuses, notamment les augmentations salariales, les pratiques d’horaires et le soutien en santé mentale. Selon la direction de la HSAA, l’accord comprend une augmentation salariale de 12,8 % répartie sur trois ans, des périodes de repos obligatoires entre les quarts de travail et des services psychologiques élargis pour les premiers intervenants souffrant de stress lié aux traumatismes.
La ministre de la Santé de l’Alberta, Jennifer Copping, a qualifié l’entente potentielle de « juste et fiscalement responsable » lors d’une conférence de presse à l’Assemblée législative. « Cette proposition équilibre le besoin crucial de valoriser nos travailleurs de la santé de première ligne tout en respectant les contraintes financières auxquelles notre province est confrontée, » a déclaré Copping.
Cependant, tous les membres ne semblent pas convaincus. Lors d’une assemblée publique à Red Deer hier soir, plusieurs ambulanciers paramédicaux ont exprimé des préoccupations selon lesquelles l’accord ne résout pas adéquatement le problème chronique de sous-effectif. Des données récentes d’AHS montrent que le volume d’appels d’ambulance a augmenté de 19 % depuis 2019, tandis que les niveaux de personnel n’ont augmenté que de 4 % pendant la même période.
« On ne peut pas résoudre une pénurie de personnel avec une simple augmentation de salaire, » soutient Dr. Elaine Garrod, experte en politique de santé à l’Université de Calgary. « Les problèmes systémiques auxquels font face les services médicaux d’urgence nécessitent une planification globale de la main-d’œuvre qui aborde le recrutement, la rétention et le déploiement approprié des ressources. »
Le moment de ce vote coïncide avec une pression publique croissante suite à un rapport de Statistique Canada montrant que l’Alberta a les délais d’intervention d’ambulance moyens les plus longs parmi les plus grandes provinces du Canada. Dans les zones rurales, les temps d’attente ont augmenté de près de 40 % depuis 2021.
La première ministre Danielle Smith a fait des services d’urgence une pierre angulaire de la stratégie de santé de son gouvernement, engageant 158 millions de dollars de financement supplémentaire pour les SMU dans le dernier budget provincial. Les critiques soulignent toutefois qu’une grande partie de ce financement reste non dépensée alors que les défis de recrutement persistent.
Pour des communautés comme Pincher Creek, où la disponibilité des ambulances est devenue de plus en plus imprévisible, les enjeux de ce vote vont au-delà des relations de travail. « Quand votre enfant fait une crise d’asthme et qu’on vous dit que l’ambulance la plus proche est à une heure de route, les différends contractuels deviennent soudainement très personnels, » explique Maureen Chambers, une mère locale qui a fondé le Groupe de défense des SMU ruraux après l’urgence médicale de son fils l’hiver dernier.
L’équipe de négociation de la HSAA a recommandé aux membres d’accepter l’entente, bien que le président du syndicat, Mike Parker, reconnaisse qu’elle ne répond pas à toutes les préoccupations. « Cette entente représente des progrès substantiels, particulièrement concernant la sécurité au travail et le soutien en santé mentale, » a noté Parker dans une déclaration aux membres. « Mais notre lutte pour un système médical d’urgence pleinement doté et correctement financé continue. »
Si elle est ratifiée, l’entente resterait en vigueur jusqu’en mars 2028, offrant une période de stabilité du travail pendant laquelle la province s’est engagée à mettre en œuvre son Plan de transformation des SMU récemment annoncé. Le plan comprend des initiatives pour réduire les temps de transfert hospitaliers et étendre les programmes de paramédecine communautaire.
Selon les données provinciales, plus de 600 postes de paramédics restent non pourvus en Alberta, les communautés nordiques et éloignées connaissant des taux de vacance dépassant 25 % dans certaines régions. Le Collège des paramédics de l’Alberta rapporte que, bien que le nombre de diplômés des programmes de paramédics soit resté stable, la rétention est devenue le principal défi, près d’un tiers des praticiens quittant le domaine dans les cinq ans.
« Nous formons suffisamment de paramédics, » explique Robert Ghazal, paramédic en chef des Services médicaux d’urgence d’AHS. « Mais les garder dans la profession nécessite de résoudre les problèmes mêmes que cet accord tente d’aborder – la sécurité au travail, le bien-être psychologique et l’équilibre travail-vie personnelle. »
Le résultat du vote de la semaine prochaine aura des implications au-delà des frontières de l’Alberta, car d’autres provinces font face à des défis similaires avec les services médicaux d’urgence. La Colombie-Britannique a récemment conclu ses propres négociations avec les paramédics, tandis que l’Ontario se prépare à des négociations collectives au début de 2026.
Pour les Albertains ordinaires, la résolution de ce différend représente plus que la paix du travail – elle signifie potentiellement la différence entre des soins d’urgence rapides et des retards dangereux. À l’approche de la période de vote, les deux parties continuent de souligner leur engagement à maintenir les services essentiels, quel que soit le résultat.